-Raamelot- Les seigneurs des Rats - Intro

Le cavalier arriva tranquillement sous le soleil terne de cette journée d'hiver. Son cheval piaffa alors qu'ils arrivaient en vue de l'édifice peu hospitalier. Le paladin flatta l'encolure du cheval et il conduisit son cheval jusqu'aux écuries de la taverne de la pointe du rat. Une fois son cheval laissé dans son box, il observa la vieille bâtisse d'un air renfrogné.
"Alors c'est ça la taverne à la mode de ce royaume ? Ça promet."
Il décida cependant d'entrer dans l'établissement. L'odeur le frappa comme une masse, une étrange odeur de renfermé et de sang se dégageaient au milieu des effluves d'alcools et de nourritures. Au comptoir, une créature pâlotte servait des clients tandis qu'une authentique succube servait en salle. Le paladin traversa la salle lentement vers le comptoir. Finalement, il ne resterait sans doute pas très longtemps dans ce bouge infâme.
Une voix jaillit dans son dos.
"Mais regardez qui nous arrive, le chanteur du roi en personne, allez chante nous un truc."
L'homme qui avait parlé était un paysan, ivre mort, qui lui tendait une mandoline. Interdit, le paladin observait l'homme et ses compagnons qui riaient de façon aussi stupide les uns que les autres.
"Allez te fais pas prier, tu vas pas nous faire croire que t'es timide. Tiens mais d'ailleurs t'as pas mis ton tutu ?"
Avec un sourire, le troubadour prit lentement la mandoline et d'un geste vif l'écrasa sur le crâne du paysan. Il frappa si fort que la mandoline explosa et le crâne du malheureux se fendit, rependant des bouts de cervelle alentours.
"Non ! Je vais encore devoir tout nettoyer", se lamenta Gouik, le tavernier.
Les compagnons du mort s'étaient levés mais le paladin avait déjà défouraillé son épée et après avoir tranché deux têtes posa la pointe de sa lame sous le menton du troisième. Il déclama alors d'un œil noir :
"Que les choses soient claires car je ne le répèterai plus, je ne suis pas un chanteur pour midinettes ou poivrots. Je ne suis même pas un chanteur, je suis un barde, un troubadour, par moi vient la gloire ou le blâme car des exploits des héros je suis le conteur et le juge. Passe le message sur ces terres maudites et que l'on ne me dérange plus."
Sans demander son reste, le paysan s'enfuit en courant au désespoir de Gouik.
"Il ne m'avait pas payé..." maugréa-t-il.
Le troubadour s'assit sur un tabouret au comptoir et commanda une bouteille d'eau de feu. Sylap put enfin se détendre quand on tira sur sa manche. Il allait se mettre en colère quand il s'aperçut qu'il s'agissait d'une petite fille ; Sylap espéra ne pas avoir tué son père juste avant.
"Quoi ?" demanda-t-il d'un ton bourru.
La petite fille l'observa un moment, comme si elle cherchait ses mots.
"Ma maman a dit que tu connaissais le roi, c'est vrai ?"
"Toric ? Oui je le connais bien", répondit Sylap.
La fillette fut surprise par un bref éclat de tristesse dans l'œil du paladin mais elle continua néanmoins.
"Et les autres seigneurs aussi ?"
Sylap se pencha vers elle et murmura à son oreille :
"Ne le répète pas mais je suis moi même un seigneur de ce royaume."
La fillette l'observa avec des yeux ronds.
"C'est vrai ? Vous pouvez me dire comment ils sont ?"
Le paladin observa l'enfant un moment.
"D'accord mais demande quelque chose à boire alors, j'ai horreur de boire seul."
"Face de craie, un lait de chèvre !" demanda la fillette.
Sylap la regarda d'un air surpris.
"Quoi ?" demanda la petite.
"Rien ça m'a rappelé quelqu'un c'est tout."
"Alors vous me racontez l'histoire des seigneurs Rats ?"
"Si tu veux petite. Je vais te raconter une histoire sur le seigneur Toric, le roi des rois"...